help, i have done it again

Vous avez déjà eu l'impression de ne pas être à votre place, comme si vous étiez né à la mauvaise époque, comme si vous aviez été envoyé dans le mauvais pays, dans la mauvaise famille? Pire, avez vous déjà eu l'impression que, où que vous alliez, votre vie n'a aucun sens? Vous vous êtes déjà senti étranger, partout, tout le temps, à chaque minute, chaque seconde même, de votre vie? Vous avez déjà ressenti le sentiment que votre vie entière n'est qu'une bonne blague, que Dieu -ou quoi que ce soit qui soit responsable de votre venue sur terre-, se soit juste bien marré en vous créant? Parce que c'était le ressenti de Candyce, depuis pas mal de temps déjà. Rien ne parvenait à lui faire sortir de la tête qu'elle était inutile, enfin, de son point de vue, et surtout, pas à la hauteur des espérances de tout le monde.

Derrière sa naïveté excessive se cachait un trop gros manque de confiance en elle, qui lui jouait des tours, constamment. Et puis il fallait aussi noter la peur qu'elle ressentait tout le temps, depuis que toute cette histoire "d'héritier" avait débuté. Là, c'était ce sentiment d'inutilité qui reprenait dessus, assise dans un fauteuil, en plein milieu de sa salle commune. Elle aurait dû travailler, comme toujours, mais, à son habitude, elle n'arrivait pas à se concentrer. Comment s’intéresser à un devoir de potions lorsque le ciel avait l'air si bleu, et le temps si doux au dehors? Les fenêtres de sa salle commune étaient ses pires ennemies. Elles la faisaient rêver, lui faisant oublier ce qu'elle devait faire, ou même pourquoi elle était là. Elle voulait sortir, danser, chanter, rêvasser ailleurs, être heureuse, et pour de vrai cette fois. S'en aller d'ici, où elle ne se sentait pas à sa place. Tout quitter pour vivre, enfin. Pas vivre en se réveillant tous les matins sans aucune raison, vivre. Vraiment. Enfin. Mais, si elle le désirait vraiment, pourquoi est-ce que tous ses rêves lui semblaient affreusement hors de portée?

Stoppée dans son travail, elle observait autour d'elle. Des élèves, vêtues de matière moldue, pour honorer le weekend, travaillaient d'arrache pieds, sans jamais désespérer. Elle admirait toujours le sérieux et le travail merveilleux des Ravenclaw, qui ne faisaient que renforcer son sentiment de ne pas avoir été envoyée dans la bonne maison. Mais où aurait-elle dû aller? Chez les Gryffindor? Elle était certainement la plus fragile et peureuse de tous les élèves réunis dans cet établissement. Chez les Slytherin? Pour être terrifiée face à Emrys, ou encore complètement tétanisée devant Gawain, le garçon qui détenait son coeur, et pour qui elle aurait tout sacrifié? Non, certainement pas. Chez les Hufflepuff? Envers qui avait-elle à être loyale? Et avait-elle vraiment le gout du travail en elle? Pas vraiment. Vous voyez?! Elle ne pouvait se fondre dans aucuns des moules des maisons de cette école. A quoi était-elle bonne, à part paraître totalement paumée, et rêvasser à longueur de journée, pensant à une vie meilleure et surtout à un garçon, que ni l'un, ni l'autre, elle ne parviendrait à avoir?

Abandonnant pour de bon son devoir de potion qui commençait à l'ennuyer plus qu'autre chose, elle se mit à regarder à nouveau les élèves calmes, posés, et sérieux. Elle avait des capacités, et elle le savait très bien, mais elle n'avait généralement pas la force, ni même l'envie, de les exploiter. Et, évidement, voir que d'autres parvenaient à faire des choses merveilleuses, alors qu'elle n'était capable de rien, la blessait énormément. Sans même y réfléchir, elle se leva d'un bond, jetant son sac à bandoulière sur son épaule, se décidant pour de bon à aller autre-part, cette fois. Des regards intrigués se posèrent sur elle, elle pouvait les sentir. Un garçon de la même année qu'elle, surpris, s'adressa même à elle, alors qu'elle s’apprêtait à franchir le seuil de la porte de la salle commune des Ravenclaw. « Où tu vas? Il est presque vingt heure! » lui lança t-il. Elle soupira, le regarda dans les yeux, et dit; « Partout, sauf ici. », d'un ton ferme qui ne lui ressemblait pas.

Tout ce qu'elle souhaiter, c'était de s'éloigner de cette salle, un petit moment. Peu importe où elle allait, elle voulait juste pouvoir réfléchir en paix, et pourquoi pas passer un bon petit moment de solitude, loin des érudits de sa maison, desquels elle se sentait si différente. Descendant en vitesse les escaliers complètements fous et qui n'en faisaient qu'à leur tête, de Poudlard, elle arriva au rez de chaussée, sans avoir la moindre idée de sa destination. Elle se décida pour un petit tour dans le parc. Et pourquoi pas le terrain de Quidditch? Elle adorait cet endroit. Pour une raison inconnue, ça la rendait sereine, et un tant soit peu heureuse. Peut-être était-ce parce qu'elle se souvenait très bien de ses moments de bonheurs, passés à encourager les équipes talentueuses, avec une foule animée autour d'elle. Au souvenir de ces moments d'hystérie complète, elle ne pouvait pas s'empêcher de sourire.

Atteignant sa destination, elle traversa les vestiaires vides, pour atteindre la pelouse fraîche du terrain de Quidditch. Elle marcha jusqu'au milieu de ce dernier, là où, d'habitude, dans les airs, à quelques mètres d'altitude, les joueurs commençaient leur partie, face à face.Ce sport était un vrai rayon de soleil. Il variait tellement de tous ces sports moldus, bien fades comparé à cet activité typiquement sorcière!

Elle s'assit alors sur la pelouse, rassemblant ses jambes près d'elle, de manière à poser son menton sur ses genoux, entourant ses jambes de ses bras, une petite poupée à la mains, poupée qu'elle venait de sortir de son sac. Elle soupira, pensant à tout ce que ce jouet signifiait pour elle. Son père lui avait offert, lorsqu'elle était petite, et elle n'osait jamais s'en séparer. Les yeux larmoyants, elle observait, la tête levée, le couché de soleil qui s'offrait à elle, en pensant que cette fois, elle était à sa place, seule, abandonnée, sans personne pour lui faire ressentir le sentiment qu'elle n'était qu'une moins que rien. Oui, sa place était ici...